La Suisse consolide sa position dans les infrastructures de recherche internationales

Les infrastructures de recherche internationales sont source d’avancées scientifiques majeures auxquelles contribuent et dont bénéficient aussi les chercheurs suisses. C’est pourquoi le Conseil fédéral a décidé au printemps 2025 d’adhérer à quatre autres réseaux d’infrastructures de recherche.

07.07.2025
Auteurs: Lea Bühlmann, Marteen Lupker, Patrice Soom
Une image d'un télescope sous le ciel étoilé.
Le Large-Sized Telescope (LST) situé à La Palma, en Espagne, fait partie du réseau Cherenkov Telescope Array et contribue à l’étude des rayons gamma de très haute énergie. Photo: CTAO GmbH

En devenant membre de quatre réseaux internationaux d’infrastructures de recherche régis par le cadre juridique ERIC, la Suisse s’assure un accès durable à quatre infrastructures d’excellence dédiées aux sciences environnementales, sociales et linguistiques ainsi qu’à la physique des astroparticules. Elle montre par là même sa volonté de s’engager en faveur de la coopération internationale dans le domaine de la recherche et de renforcer sa position dans le paysage international des infrastructures de recherche.

Les quatre ERIC auxquels la Suisse a nouvellement adhéré se consacrent chacun à un domaine scientifique spécifique:

  • L’Aerosol, Clouds, and Trace Gases Research Infrastructure (ACTRIS ERIC) examine les processus atmosphériques et leur impact sur le climat et la qualité de l’air.

  • La Common Language Resources and Technology Infrastructure (CLARIN ERIC) met à disposition des chercheurs des ressources linguistiques numériques dans le domaine des sciences humaines et sociales.

  • L’European Social Survey (ESS ERIC) collecte des données comparatives sur les opinions, les valeurs et les comportements des populations en Europe.

  • Le Cherenkov Telescope Array Observatory (CTAO ERIC) est un projet d’infrastructure de grande envergure destiné à l’observation de rayons gamma cosmiques de haute énergie.

Participation stratégique au processus de décision

Actuellement membre de onze ERIC, la Suisse réaffirme sans cesse son engagement en faveur des infrastructures de recherche. Les établissements nationaux de recherche qui participent à ces réseaux gagnent en visibilité, améliorent leur maillage international et ont plus facilement accès à des projets de recherche internationaux.

En outre, le statut de membre donne à la Suisse le droit de vote plein et entier aux assemblées générales, organes de décision suprêmes des ERIC, et le droit de participer activement aux organes stratégiques.

Procédure d’adhésion 

L’adhésion de la Suisse à un ERIC se déroule en plusieurs étapes. L’infrastructure de recherche doit tout d’abord être intégrée au titre d’infrastructure prioritaire dans la Feuille de route suisse pour les infrastructures de recherche, afin que les moyens financiers nécessaires puissent être demandés dans le cadre du message relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation (message FRI).

Sur mandat du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche, le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation vérifie que les conditions de participation sont respectées, la plus importante étant que la communauté de recherche nationale prenant part à l’ERIC soit bien établie et regroupe les principaux acteurs du domaine.

La décision finale revient au Conseil fédéral. Une fois que celui-ci a donné son feu vert, la Suisse peut déposer une demande officielle d’adhésion à un ERIC. La demande doit être approuvée par décision des États membres de l’ERIC concerné – dans le cas des quatre ERIC susmentionnés, l’adhésion de la Suisse a été approuvée à l’unanimité.

Portrait d’ACTRIS

ACTRIS est une infrastructure européenne de recherche dédiée à l’étude des aérosols, des nuages et des gaz trace, éléments clés pour le climat, la qualité de l’air et la santé. Grâce à un réseau d’observation et de laboratoires répartis dans toute l’Europe, ACTRIS fournit des données de haute précision pour mieux comprendre les processus atmosphériques et soutenir les politiques environnementales.

En Suisse, ACTRIS réunit des institutions majeures comme le Paul Scherrer Institut (PSI), le laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa), MeteoSwiss, l’ETH Zurich et l’Université de Berne. Les stations d’observation de Jungfraujoch, Payerne et Beromünster, ainsi que des laboratoires de calibration et de simulation, permettent d’étudier l’atmosphère dans des environnements très variés, du laboratoire à la haute montagne.

Portrait de CLARIN

CLARIN offre un accès simple et durable à un grand nombre de données linguistiques et d’outils permettant d’identifier, d’analyser ou de combiner des ensembles de données. Ce réseau est essentiellement dédié aux sciences humaines et sociales.

La participation de la Suisse est assurée par le consortium CLARIN-CH, basé à l’Université de Zurich. CLARIN-CH réunit des hautes écoles de pointe, telles que les universités de Bâle, Berne, Genève, Fribourg, Lausanne et Neuchâtel, l’Université de la Suisse italienne et la Haute école des sciences appliquées de Zurich ainsi que des infrastructures nationales, comme la LiRI (Linguistic Research Infrastructure) et le LaRS (Language Repository of Switzerland), qui font tous deux partie du référentiel de données SWISSUbase.

Portrait du CTAO

Établi en janvier 2025, le Cherenkov Telescope Array Observatory vise à explorer les rayons gamma cosmiques avec une précision inédite. L’observatoire déploiera une soixantaine de télescopes répartis sur l’île de La Palma (Espagne) et dans le désert d’Atacama (Chili). Les quelque douze pétaoctets de données générés chaque année seront traités à Zeuthen (Allemagne) alors que l’organisation a pour siège Bologne (Italie). Un des quatre centres décentralisés de traitement des données sera en outre hébergé par le Centre suisse de calcul scientifique à Lugano. 

La Suisse apportera une contribution de 7,7 millions d’euros à la construction de l’observatoire. Celle-ci devrait être achevée d’ici à 2030. Cette participation renforcera la recherche suisse en astronomie gamma, en astrophysique des particules et en astronomie multi-messager, tout en consolidant l’expertise suisse en science des données.

Portrait d’ESS

ESS collecte depuis 2001 et sur une base régulière des données comparatives sur les opinions, les valeurs et les comportements des populations de plus de 30 pays européens. Accessibles au public, les données recueillies sont un outil d’analyse et de conception politique précieux pour les chercheurs, les acteurs politiques et la société civile.

La Suisse est représentée dans cet ERIC par l’équipe de coordination nationale du FORS, le centre de compétences suisse en sciences sociales. En adhérant à ce réseau, la Suisse se voit offrir l’opportunité d’analyser ses évolutions sociales par rapport à celles d’autres pays européens, d’assurer la visibilité internationale de ses recherches en sciences sociales et d’intégrer un solide maillage scientifique.

Qu’est-ce qu’un ERIC?

ERIC est l’acronyme de European Research Infrastructure Consortium – un cadre juridique introduit en 2009 par l’Union européenne dans le but de simplifier la création et l’exploitation d’infrastructures de recherche. Les ERIC permettent un partage des ressources nationales, créent des synergies et offrent à des pays comme la Suisse la possibilité d’utiliser de manière ciblée leurs atouts scientifiques dans des infrastructures de recherche internationales.


Contact
Lea Bühlmann, SEFRI Recherche nationale lea.buehlmann@sbfi.admin.ch +41 58 465 64 45
Marteen Lupker, SEFRI Recherche nationale maarten.lupker@sbfi.admin.ch +41 58 465 08 68
Patrice Soom, SEFRI Organisations internationales de recherche patrice.soom@sbfi.admin.ch +41 58 462 89 42
Auteurs
Lea Bühlmann
Marteen Lupker
Patrice Soom