Le domaine FRI contribue de manière significative à la prospérité de la Suisse et à la compétitivité de l’Europe

Quels sont les trois plus grands défis qui attendent les acteurs suisses du domaine FRI au cours des dix prochaines années? J’ai été amenée à répondre à cette question sur le blog du Conseil suisse de la science à l’occasion du 60e anniversaire de cet organe. Et voici les trois défis que j’ai identifiés.

04.11.2025
Auteur/e: Martina Hirayama
Portrait d'une femme en blazer.
Depuis le 1er janvier 2019, Martina Hirayama est secrétaire d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation. Photo: Monique Wittwer

Aujourd’hui, la mise en réseau et la coopération internationales dans le domaine FRI s’opèrent à l’échelle mondiale tout comme les marchés, les capitaux, les ressources humaines, les technologies ou les idées politiques et les acquis culturels se sont eux aussi mondialisés. Les partenariats internationaux dans le domaine FRI revêtent une importance particulière, surtout pour les petits pays comme le nôtre. Nos ressources humaines et financières sont limitées, et il en va de même de nos infrastructures. Grâce à des coopérations avec des partenaires internationaux, nous parvenons cependant à développer au mieux nos capacités, à nous ouvrir l’accès à des travaux de recherche, à des technologies, à des infrastructures et à des programmes de référence au niveau mondial, et élargissons ce faisant notre savoir-faire. Dans ce contexte, la sécurité des connaissances continuera de gagner en importance.

Développer une relation réglementée et porteuse d’avenir avec l’Union européenne et participer ce faisant aux programmes FRI européens, qui sont les plus grands et les plus ambitieux au monde, est une nécessité. Ces programmes, en particulier ceux dédiés à la recherche et à l’innovation, se fondent sur le principe de la concurrence, ce qui a un effet bénéfique sur la qualité. En parallèle, il convient de diversifier et renforcer encore les coopérations bilatérales à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe. La Confédération est consciente qu’elle devra continuer d’accorder une attention particulière à son rôle de facilitateur au service des acteurs autonomes du domaine FRI. À cet effet, le SEFRI s’appuie entre autres sur la diplomatie scientifique et le réseau Swissnex.

Offrir des conditions-cadres propices à l’innovation

L’innovation est un facteur clé pour la viabilité du modèle suisse, la compétitivité et le progrès social. Notre pays est aujourd’hui l’un des leaders mondiaux de l’innovation. Créer un environnement propice à l’innovation nécessite de mettre en place des conditions-cadres appropriées. Les start-up, les PME et les grandes entreprises ont des exigences et des besoins distincts, qu’il s’agit de prendre en considération. Les innovations disruptives ou les innovations sociales, elles aussi, doivent pouvoir émerger. Différents éléments sont à prendre en compte pour rester fidèle aux considérations stratégiques sous-jacentes à ces conditions et développer ces dernières conformément aux besoins: 

  • la complémentarité des offres des filières professionnelle et universitaire et la perméabilité du système éducatif permettent d’assurer la diversité des compétences disponibles, ce qui est crucial pour les innovations;
  • la recherche fondamentale menée dans nos hautes écoles et financée par les pouvoirs publics génère des connaissances exploitables pour de nouvelles applications;
  • l’accès aux réseaux, programmes et infrastructures internationaux est indispensable à de nouvelles avancées dans des domaines tels que l’aérospatiale, la science et la technologie quantiques, l’intelligence artificielle, le développement de vaccins ou encore l’approvisionnement énergétique;
  • la disponibilité des données et le savoir-faire nécessaire pour les utiliser de manière appropriée, notamment à l’aide de l’IA, revêtent une importance capitale;
  • pour des raisons d’efficacité et d’efficience, l’approche «bottom-up» doit être privilégiée par rapport à l’approche «top-down», sauf lorsque cette dernière est nécessaire, tout comme il importe de veiller à l’équilibre entre coopération et concurrence; et
  • enfin, les offres d’encouragement d’Innosuisse et de Switzerland Innovation favorisent le transfert de connaissances et constituent les pivots du partenariat public-privé.

Le succès de la politique suisse de l’innovation et son adéquation aux besoins des acteurs privés passent notamment par la conjonction de ces différents ingrédients, considérés comme les plus importants du côté de la formation, de la recherche et de l’innovation. Certains instruments et mesures découlant d’autres politiques complètent cet ensemble d’éléments. De la promotion économique (politique régionale et politique en faveur des PME) à la politique de croissance, en passant par la politique fiscale et les réglementations relatives à la protection de la propriété intellectuelle, un suivi est partout indispensable pour que la Suisse reste une terre d’innovation. De surcroît, la collaboration entre acteurs régionaux, cantonaux, nationaux et internationaux devra être intensifiée à l’avenir.

Une utilisation raisonnée des fonds disponibles pour l’encouragement du domaine FRI

Les fonds disponibles pour l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation sont toujours limités. Même si les taux de croissance des dépenses FRI ont été nettement plus réjouissants au cours des deux dernières décennies, les projets des acteurs du domaine FRI n’ont pas pu être mis en œuvre dans leur totalité. Dans tous les domaines politiques, la fixation de priorités et de postériorités est une tâche permanente.

Il est évident que cela implique des arbitrages délicats en cas de situation budgétaire tendue. Mais grâce aux investissements passés, les acteurs suisses du domaine FRI sont aujourd’hui en mesure de relever les défis qui les attendent. L’objectif est de garantir la résilience et le développement de l’ensemble du système FRI, malgré les restrictions budgétaires. Le profil des hautes écoles devra être renforcé et le juste équilibre entre concurrence et coopération être trouvé au niveau national. Il s’agira aussi d’exploiter les synergies avec d’autres domaines politiques tels que la santé, l’énergie, l’environnement, l’agriculture, la sécurité ou encore la défense. La manière d’appréhender le double usage gagnera encore en importance. Les infrastructures, y compris les données, se révéleront cruciales, ce qui nécessitera une coordination et une planification stratégique à l’échelle nationale et internationale.

Tout cela devra être réalisé autant que possible selon une approche «bottom-up», avec la conviction que les acteurs du domaine FRI sont les mieux placés pour fixer les priorités et les postériorités. Assurer le maintien de notre capacité d’innovation et contribuer au développement fructueux du domaine FRI à long terme en établissant un ordre de priorité pour l’allocation des fonds mis à disposition n’est pas une mission simple à accomplir, mais elle est fondamentale. Le potentiel d’innovation maintes fois éprouvé des acteurs concernés et la collaboration partenariale entre la Confédération, les cantons et l’économie rendent possible l’accomplissement de cette mission.

En résumé: grâce au niveau de formation élevé de la population suisse, à nos institutions compétitives à l’échelle internationale et à notre ouverture sur le monde, le domaine FRI contribue de manière significative à la prospérité de la Suisse et à la compétitivité de l’Europe.