Une politique de l’innovation efficace et en phase avec son temps
Confrontées à des défis globaux tels que le changement climatique ou la numérisation, les politiques d’innovation évoluent à l’échelle mondiale. La Confédération analyse ces développements et procède au besoin aux optimisations nécessaires en matière d’encouragement de l’innovation au niveau national.
Dans les classements internationaux, la Suisse figure depuis plusieurs années parmi les pays les plus innovants. Au niveau fédéral, nous entendons mener une politique d’innovation ciblée et à long terme pour qu’il continue d’en être ainsi à l’avenir. Si de nombreuses raisons viennent expliquer la constance de ces bons résultats, il faut en particulier souligner le grand engagement du secteur privé.
Deux principes éprouvés caractérisent la politique suisse d’innovation: l’approche ascendante (bottom-up) et la grande autonomie des acteurs de l’innovation. Ces principes prévalaient déjà lors des débuts de l’encouragement de l’innovation par la Confédération, qui remonte à la création de la Commission pour l’encouragement de la recherche scientifique (CERS, aujourd’hui Innosuisse) en 1944, durant la Seconde Guerre mondiale. Du fait des circonstances et des besoins propres à cette période, on parlait alors surtout d’«encouragement de la technologie» ou de «politique technologique». L’objectif était d’encourager les développements technologiques afin que la Suisse puisse maintenir sa capacité de performance nationale; cet objectif est resté le même après la guerre.
Depuis toujours, l’encouragement de la technologie et de l’innovation doit répondre à la fois aux intérêts de la politique scientifique et à ceux de la politique économique libérale. Aussi, dès ses débuts, la politique technologique suisse vise avant tout à offrir des conditions-cadres favorables à l’innovation, telles qu’une imposition modérée des entreprises ou un cadre institutionnel stable.
Ceci se justifie jusqu’à ce jour par une raison simple: le secteur privé contribue de sa propre initiative au dynamisme de la recherche et du développement en Suisse. En effet, ce sont généralement les entreprises qui développent de nouvelles idées et qui franchissent le seuil séparant la recherche de l’innovation commercialisable. Voilà pourquoi l’approche ascendante et la grande autonomie des acteurs constituent des piliers importants de la politique d’innovation de la Confédération. Ce sont en partie ces principes d’encouragement qui ont permis à la Suisse d’être à l’origine d’innovations de portée mondiale: songeons par exemple à la bande Velcro, inventée il y a plus de 70 ans et qui a marqué un véritable tournant dans l’histoire de l’industrie textile, ou aux drones de dernière génération qui sillonnent le ciel à l’heure actuelle.
Ceci ne doit bien sûr pas nous empêcher de suivre de près les évolutions mondiales dans ce domaine. Un nombre croissant de pays dans le monde, mais aussi l’Union européenne, mènent en effet une politique d’innovation de plus en plus active, soit en soutenant directement les entreprises, soit en mettant en œuvre des programmes de recherche et d’innovation descendants (orientation vers la mission), avec l’idée que l’innovation peut contribuer à résoudre des défis sociaux urgents.
Si la Suisse n’a pas pour tradition d’intervenir directement sur le marché ou de mener une politique industrielle, elle se doit néanmoins d’analyser ces évolutions et d’ajuster, si nécessaire, l’encouragement de l’innovation par la Confédération. C’est précisément ce que nous faisons continuellement en lançant l’initiative Flagship en 2021, l’agence d’encouragement Innosuisse a ainsi introduit un instrument destiné à promouvoir des projets dans des thématiques spécifiques. Depuis 2023, elle peut en outre accorder des subventions directes à des start-up avant leur entrée sur le marché. Ces deux nouveautés représentent un changement de paradigme dans l’encouragement national de l’innovation. La pertinence pour la Suisse d’instruments orientés vers la mission fait d’ailleurs également l’objet de discussions.
Afin de disposer d’une base solide pour aborder ces questions, nous suivons l’évolution à long terme des activités d’innovation en Suisse: l’enquête sur l’innovation 2020 menée par le Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ (KOF) nous apprend ainsi que la proportion d’entreprises menant des activités de recherche et développement a de nouveau augmenté pour la première fois entre 2018 et 2020 depuis la période d’analyse couvrant les années 2000 à 2002. C’est une bonne nouvelle.