L’Agence spatiale européenne fête son 50e anniversaire
L’Agence spatiale européenne (ESA) célèbre ses 50 ans d’existence en 2025. Elle peut se targuer de nombreux succès et se prépare face à un avenir plein de défis. Grâce à l’ESA, l’Europe est aujourd’hui un leader mondial dans le secteur spatial. La Suisse, qui compte parmi les membres fondateurs, y contribue et en tire profit.

En 1975, dix États fondateurs ont signé la Convention instituant l’Agence spatiale européenne et posé ainsi la première pierre de la réussite européenne dans le domaine spatial. En tant que membre fondateur, la Suisse a été «à bord» dès le début et exerce aujourd’hui encore la majeure partie de ses activités spatiales par le biais de l’ESA.
Nous pouvons être fiers des réalisations que nous avons accomplies avec nos partenaires européens. Au cours des 50 dernières années, l’ESA a vécu de nombreux moments auxquels pourrait s’appliquer le fameux «Freude herrscht!» («la joie règne!») adressé par le conseiller fédéral Adolf Ogi à Claude Nicollier, premier Suisse dans l’espace, lors d’une liaison directe avec la station spatiale internationale ISS en 1992.
Une liste exhaustive de ces succès dépasserait le cadre du présent article, mais je tiens tout de même à mentionner quelques performances exceptionnelles. Grâce à la vision des États fondateurs de l’organisation, l’Europe dispose aujourd’hui d’un accès autonome à l’espace avec les lanceurs Ariane (6e génération) et Vega C. L’ESA a exploré presque toutes les planètes de notre système solaire, seule ou en coopération avec des partenaires tels que l’agence spatiale étasunienne NASA. Elle s’est posée sur Titan, la lune de Saturne, en 2005 et a atterri de manière spectaculaire sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko en 2014; elle est actuellement en route vers Mercure et Jupiter. Notre quotidien est également façonné par l’ESA, dans la mesure où nous utilisons tous les jours des systèmes développés par l’agence et des données basées sur ces systèmes, que ce soit dans le domaine de la météorologie, de l’observation de l’environnement, des télécommunications ou de la navigation.
Cela dit, nous pourrions aussi aborder la question autrement: où en seraient l’Europe et la Suisse aujourd’hui sans l’ESA? À l’heure actuelle, nous ne figurerions probablement pas parmi les leaders mondiaux du secteur spatial et nous assisterions certainement, comme dans d’autres domaines technologiquement avancés, à une forte fragmentation des activités en Europe. Dans le domaine de la recherche, la dépendance vis-à-vis d’un petit nombre d’agences spatiales nationales serait grande et notre industrie ne pourrait sans doute pas se distinguer par des produits de pointe. Le modèle de l’ESA, qui d’une part favorise la compétitivité de la science et de l’industrie et d’autre part garantit un retour aux 23 États membres actuels, a fait ses preuves. En Suisse, il a permis la mise en place d’un écosystème de plusieurs centaines d’acteurs issus de la recherche et de l’industrie, lesquels fournissent des contributions uniques pour les programmes de l’ESA, notamment des instruments scientifiques et des composants de fusées. La Suisse tire avantage de cette coopération sur les plans scientifique et économique. Car le secteur spatial participe à la prospérité.
Si l’heure est à la fête, il n’est pas question pour autant de se reposer sur ses lauriers! De grands défis se profilent à l’horizon. Le domaine spatial se développe rapidement et les coûts baissent. Le développement technologique progresse à un rythme très rapide. La concurrence mondiale s’intensifie. Je pense que dans les 50 prochaines années, des humains iront sur Mars et, possiblement, vivront et travailleront sur la Lune de manière permanente. Il est probable que nous découvrions des signes de vie sur d’autres planètes, peut-être même dans notre système solaire.
Pour l’ESA, la «Stratégie 2040» dicte la voie à suivre pour l’avenir. Elle met l’accent sur l’autonomie, la résilience, la croissance et la compétitivité. Ces qualités ne doivent pas uniquement servir à l’exploration de l’univers, mais aussi contribuer à la protection de la Terre, la seule planète habitable que nous connaissions à ce jour. Les 50 prochaines années promettent d’être aussi passionnantes que les cinq dernières décennies. Grâce à l’ESA, la Suisse se maintiendra dans le peloton de tête ou, pour rester dans le registre spatial, à des hauteurs stratosphériques.