Un projet équilibré
Début mars 2024, le Conseil fédéral a transmis aux Chambres fédérales le message relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation (FRI) pour les années 2025 à 2028. Objectif de ce message: répondre aux grands enjeux sociétaux et renforcer à long terme le système FRI moyennant une répartition équilibrée des moyens dont dispose la Confédération dans le cadre des compétences qui sont les siennes.
Les compétences en matière de formation, de recherche et d’innovation (FRI) sont organisées de manière complexe. Pour ce qui est de la formation, c’est la souveraineté cantonale qui s’applique, et ce sont les cantons qui assument l’essentiel des dépenses publiques imputables à ce secteur. Le domaine des EPF est quant à lui de la responsabilité de la Confédération. Celle-ci constitue au demeurant la principale source d’encouragement public de la recherche et de l’innovation et cofinance la formation professionnelle et les hautes écoles cantonales. À noter cependant que le financement fédéral de l’ensemble du système intervient à titre subsidiaire. C’est ainsi que lors de l’exercice 2021, 18,6% des coûts publics liés au domaine FRI ont été pris en charge par la Confédération. Le troisième acteur est l’économie privée, qui est très engagée tant dans la formation professionnelle et la formation continue que dans la recherche et l’innovation. Cette organisation tripartite est sous-tendue par un certain nombre de principes ‒ partenariat, subsidiarité, autonomie et responsabilisation des acteurs ‒, principes qui se retrouvent à tous les niveaux du message FRI 2025-2028 présenté début mars 2024.
La politique FRI bénéficie d’une situation de départ confortable: le pôle FRI suisse est très performant, et ce grâce aux gros investissements consentis par le passé et le soin avec lequel le système a été entretenu. Ses fondations sont si solides qu’il n’a pas à subir le changement. Au contraire, il est en mesure de l’anticiper et de le modeler. Dans ces conditions, le changement est certes toujours synonyme de défis à relever, mais aussi de chances à saisir et d’opportunités à exploiter.
Un grand défi? La pénurie de personnel qualifié. La bonne nouvelle est que dans notre système éducatif, les formations sont en adéquation avec les attentes d’un marché du travail en perpétuelle mutation. En d’autres termes, l’enseignement dispensé répond aux besoins du monde du travail, et les voies de formation proposées sont adéquates et constituent autant de possibilités pour les talents et les intérêts les plus divers de se déployer. L’équivalence des voies de formation prend tout son sens en période de pénurie de personnel qualifié. C’est d’ailleurs un sujet dont s’occupe activement la Confédération dans le cadre de ses compétences. Il s’agit ici de continuer à renforcer les différents profils et d’optimiser la perméabilité du système ainsi que la prise en compte des acquis. Remédier à la pénurie de personnel qualifié signifie aussi mettre l’accent sur les domaines de la médecine et de la santé ainsi que sur les disciplines MINT.
Au niveau international, nombreux sont les pays qui, au vu des évolutions géopolitiques, intensifient leurs investissements dans le domaine FRI. Le savoir et le savoir-faire sont plus que jamais essentiels, ce qui rend d’autant plus indispensables l’adhésion à des organisations internationales de recherche, l’accès aux infrastructures de recherche et la conclusion d’accords de coopération avec des pays partenaires. Dans ce contexte, il est primordial que la Suisse poursuive ses mesures d’encouragement du domaine FRI en les axant sur l’excellence et la mise en réseau internationale.
Et n’oublions pas les défis mondiaux: le changement climatique, l’approvisionnement énergétique, la transformation numérique, les questions sanitaires… Autant de problématiques urgentes sur lesquelles travaillent sans relâche nos acteurs FRI, qui, j’en suis convaincue, sauront apporter de précieuses réponses à ces sujets cruciaux et, ce faisant, contribueront à une économie durable et au bien commun.
Tout cela coûte cher. L’enveloppe FRI de 29,2 milliards de francs sollicitée pour les années 2025 à 2028 correspond à environ 1,3 milliard de francs de plus que celle de la période 2021-2024, évolution à mettre en regard de la situation tendue des finances fédérales. Mais ce qu’il convient avant tout de retenir, c’est la répartition équilibrée des fonds entre les lignes de crédits. Il en va de la robustesse à long terme du système FRI ‒ un système dont la stabilité dépend de la solidité de chacune de ses composantes, mais aussi de la manière dont celles-ci s’articulent et se complètent pour former un tout cohérent. C’est là un point essentiel, a fortiori en ces temps moins cléments.