Les salons des métiers, une source de perspectives

Directeur du Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation et professeur en économie de l’éducation à l’Université de Berne, Stefan Wolter s’intéresse au système éducatif sous différents angles. Dans cet entretien, l’expert aborde entre autres l’influence des championnats des métiers sur les choix professionnels des jeunes.

04.09.2025
Auteur/e: Tiziana Fantini
Un grand groupe de personnes se tient debout sur une tribune et agite des drapeaux suisses.
Lors des WorldSkills 2024 à Lyon, l'équipe suisse a remporté 15 médailles, preuve impressionnante de la grande qualité et de l'excellence de la formation duale. Photo: SwissSkills

Les prochains SwissSkills auront lieu en septembre à Berne. Quel est l’impact d’événements de ce type sur les jeunes en âge de choisir une profession?

Nous avons récemment analysé cette question d’un point de vue scientifique et démontré qu’une médaille d’or peut considérablement accroître l’intérêt pour la profession récompensée. C’est un résultat intéressant et particulièrement déterminant, car de nombreux métiers mal considérés ou peu connus auparavant remportent désormais de multiples médailles. D’une part, cela signifie que de tels succès constituent un instrument efficace en termes de visibilité. D’autre part, cela montre aussi que les jeunes, qui à cet âge sont toujours à la recherche de modèles, trouvent des exemples qui les inspirent parmi les lauréats des championnats des métiers. La bonne nouvelle qui ressort de cette étude est donc que le succès professionnel séduit également les jeunes d’aujourd’hui.

Depuis 2006, vous êtes responsable du rapport sur I’éducation qui paraît tous les quatre ans. Comment la formation professionnelle évolue-t-elle?

Dans le cadre du rapport sur l’éducation, nous analysons les macro-tendances telles que les mouvements entre les types de formation (gymnase, école de culture générale et formation professionnelle initiale) ou, par exemple, la tendance vers davantage de formation tertiaire, en particulier chez les personnes issues de la formation professionnelle initiale. Mais il ne s’agit que de la partie visible de l’iceberg. Car la formation professionnelle est en évolution permanente, comme en témoigne la fréquence des réformes des différents profils professionnels. Et s’il est vrai que ces réformes exigent toujours un fort engagement de la part des personnes concernées, elles sont le signe que la formation professionnelle ne se repose pas sur ses lauriers.

Portrait du directeur du Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation.

Directeur du Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation, Stefan C. Wolter a étudié l’économie politique et la psychologie à l’Université de Berne, où il est actuellement professeur titulaire en économie de l’éducation.

Les rôles de genre évoluent également dans le monde du travail. Quel succès rencontrent les initiatives visant à familiariser les jeunes avec les métiers associés à l’autre sexe?

Il n’existe pas de réponse universelle à cette question, car les différentes mesures font rarement l’objet d’une évaluation scientifique. Si l’on examine les décisions effectives des jeunes, on constate sur les quinze dernières années que le choix professionnel reste presque toujours autant influencé par le sexe. Exception faite du CFC d’employée ou employé de commerce, les professions les plus souvent choisies par les jeunes hommes et les jeunes femmes restent majoritairement stéréotypées. Mais cela ne signifie pas pour autant que toutes les initiatives ont été inefficaces, car nous ne pouvons pas savoir à quoi ressembleraient les choix professionnels aujourd’hui si rien n’avait été fait.

Malgré les nombreuses possibilités de formation, la voie académique reste pour beaucoup de parents la seule qui mène au succès. Comment peut-on les encourager à aussi prendre en considération la formation professionnelle?

Ces stéréotypes perdurent malheureusement, quand bien même la perméabilité de notre système éducatif n’est pas théorique, elle est belle et bien réelle. Les possibilités dont disposent les jeunes au degré tertiaire reposent uniquement sur leurs aptitudes et leur motivation, et pas sur la voie qu’ils ont choisie à l’issue de leur scolarité obligatoire. Dans mon quotidien de directeur et de professeur, je côtoie régulièrement des collègues aux parcours professionnels et académiques brillants qui ont commencé leur vie professionnelle par un apprentissage.

Championnats des métiers

Le SEFRI soutient les activités de SwissSkills. La Fondation SwissSkills, qui promeut l’organisation et le développement des championnats des métiers, en étroite collaboration avec les partenaires de la formation professionnelle, reçoit chaque année deux à trois millions de francs en vertu de la loi sur la formation professionnelle. La Confédération s’engage ainsi avec les associations professionnelles et les cantons en faveur d’une formation professionnelle attrayante et tournée vers l’avenir.

Recherche en éducation

Le rapport sur l’éducation en Suisse paraît tous les quatre ans. Fondé sur des faits, il dresse un aperçu de l’état actuel du système éducatif suisse, de son évolution ainsi que des défis auxquels il est confronté. Élaboré par le Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation sur mandat de la Confédération et des cantons, il sert de base à la prise de décisions en matière de politique de l’éducation, sans pour autant formuler de recommandations concrètes.


Contact
Talia Bongni, SEFRI Financement et encouragement de projets talia.bongni@sbfi.admin.ch +41 58 481 01 86
Hervé Bribosia, SEFRI Espace suisse de formation herve.bribosia@sbfi.admin.ch +41 58 484 91 28
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Tiziana Fantini