La Silicon Valley, là où l’intelligence embarquée prend forme

Dans la Silicon Valley, il ne se passe pas une semaine sans que des start-up ou entreprises de la robotique annoncent de nouvelles avancées. La combinaison de l’intelligence artificielle (IA) et d’un matériel informatique de pointe a marqué le début de ce que beaucoup appellent une nouvelle renaissance de la robotique. Et c’est dans cette aventure que Swissnex à San Francisco s'est lancé en octobre 2025.

01.12.2025
Auteur/e: Maulde Cuérel (Swissnex à San Francisco)
Un groupe de personnes devant le logo Swissnex.
Swissnex à San Francisco a organisé un programme d’une semaine visant à analyser en quoi la robotique et l’IA transforment notre mode de vie et notre façon de travailler. Photo: Cole Keister

En octobre 2025, le programme Embodied Intelligence: Brains, Bots & Borderless Innovation a réuni neuf chercheuses et chercheurs et fondatrices et fondateurs de start-up suisses dans la baie de San Francisco pour une semaine d’échanges avec des universités, start-up, entreprises et investisseurs locaux. Même si les participants exerçaient leur activité dans des domaines aussi divers que l’autonomie des humanoïdes, la commande des robots marcheurs, la robotique aérienne ou l’automatisation de la construction, ils avaient tous la même ambition, à savoir comprendre comment les machines intelligentes vont évoluer pour aider au mieux les individus et les entreprises dans les années à venir.

Une renaissance de la robotique

La baie de San Francisco est aujourd’hui un laboratoire vivant pour ce que Jensen Huang, directeur général de NVIDIA, a baptisé l’IA physique, c’est-à-dire le fait pour les systèmes d’apprentissage de prendre une forme tangible ou pour les robots de gagner en efficacité grâce à de nouveaux outils basés sur l’IA. Parallèlement, la Suisse est devenue l’un des centres de robotique les plus denses au monde avec les écoles polytechniques fédérales de Lausanne et de Zurich, l’IDSIA (Institut Dalle Molle de recherche en intelligence artificielle), la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW) et des start-up telles que ANYbotics, RIVR ou Flyability SA.

Une personne qui regarde des affiches.
Les projets présentés reflètent les points forts de la Suisse. Pascal Sager de la ZHAW s’inspire des neurosciences pour apprendre aux robots à prédire les réactions en interagissant et à comprendre le monde en l’expérimentant plutôt qu’en se servant des seules données. Photo: Cole Keister

Le programme Embodied Intelligence a fait le lien entre ces deux pôles d’innovation. Pendant une semaine, la délégation suisse s’est entretenue avec des chercheurs de l’Université de Stanford, a visité des entreprises qui s’emploient à repousser les limites de l’autonomie et a participé à des discussions avec des investisseurs et des entrepreneurs sur les enjeux et les atouts du marché actuel de même que sur l’impact sociétal de la robotique. Le but était non seulement d’apprendre, mais aussi de réfléchir à ce qu’intelligence veut dire dès lors que les robots, qu’ils soient industriels ou urbains, deviennent «intelligents».

Le mouvement au cœur des échanges

Tout au long de la semaine, les échanges ont porté sur quelques thèmes récurrents: comment combiner les capacités génératives de l’IA et un contrôle physique, comment tester les robots en toute sécurité dans des environnements humains et comment passer des prototypes spectaculaires à des produits fiables. Les visites de structures comme le Centre de robotique de Stanford, les laboratoires du mouvement, les laboratoires spécialisés dans les déplacements et les perceptions et d’entreprises de la région telles que OpenAI, Physical Intelligence et Skydio ont donné la possibilité à la délégation suisse d’en savoir plus sur les perspectives et sur les nouvelles connaissances.

Qui dit échange dit réciprocité. Swissnex a en effet organisé un évènement avec AI Insiders afin de permettre à des investisseuses et investisseurs, à des fondatrices et fondateurs et à des chercheuses et chercheurs de Suisse et des États-Unis de confronter leurs points de vue autour des notions de phénomène de mode et de réalité et de débattre de la forme que devraient prendre les investissements dans la robotique au cours de la prochaine décennie. Ce que nous avons observé, c'est que l’enthousiasme et le financement sont là, mais que traduire l’innovation en applications concrètes demande encore du temps, de la patience et de la collaboration.

Un groupe de personnes qui discutent et rient ensemble.
Tout au long de la semaine, la délégation suisse a étudié comment l’IA embarquée, qui combine systèmes physiques et modèles intelligents, pourrait remodeler l’industrie, de la logistique aux drones. Chaque jour a mis en évidence un aspect différent de cette transformation. Photo: Cole Keister

La dimension humaine

S’il devait y avoir un fil conducteur entre les discussions, ce serait la dimension humaine. La robotique ne se résume plus uniquement à un ensemble de techniques, mais recouvre aussi, que ce soit dans les entreprises et entrepôts ou dans notre quotidien, la cohabitation toujours plus grande entre les humains et les robots comme les aspirateurs intelligents ou les voitures sans chauffeur. Comment concevoir des robots à même de comprendre les codes sociaux, de partager des espaces physiques et de contribuer au bien-être des humains?

«L’intelligence embarquée n’est pas seulement un défi technique, c’est aussi un défi éthique et culturel.»

Antonio Paolillo, IDSIA

Cette réflexion a été approfondie lors d’un atelier prospectif dirigé par l’Institute for the Future, au cours duquel les participants ont recensé les «signes» annonciateurs de la robotique des dix prochaines années, de la réglementation et de la transformation du travail à de nouvelles notions de confiance et d’objectif. L’une des conclusions de cet atelier est que la réflexion prospective est aussi essentielle que les compétences qui aident les ingénieurs à aller au-delà de la résolution immédiate des problèmes.

Une salle remplie de personnes qui suivent une présentation.
AI Insiders et Swissnex à San Francisco ont réuni des innovateurs venant aussi bien de laboratoires suisses que de start-up de la Silicon Valley pour une soirée destinée à donner corps aux idées au travers de démonstrations en direct, d’échanges et de collaborations. Photo: Cole Keister

Une vitrine, mais aussi un pont

Pour Swissnex à San Francisco, le programme Embodied Intelligence s’inscrit dans une volonté plus large de jeter des ponts entre la Suisse et les écosystèmes d’innovation de l’Amérique du Nord. Il a servi à la fois d’expérience et de catalyseur: les chercheuses et chercheurs de Suisse ont pu montrer leur travail et leurs recherches tout en s’immergeant dans un écosystème en rapide expansion et en apprenant des acteurs de la baie de San Francisco, et les partenaires locaux ont découvert la précision et la rigueur du pôle suisse de la robotique.

Il en est ressorti de nouvelles connaissances, de nouveaux réseaux et des relations de collaboration susceptibles de se prolonger au-delà de cette seule semaine. «Ce qui fait la particularité de cet endroit, a déclaré un participant, ce n’est pas la technologie elle-même, mais la concentration des talents.»

Alors que les robots apprennent à se déplacer et à interagir avec le monde de manière plus autonome, le véritable test sera la manière dont la société décidera de les intégrer. Les programmes tels que Embodied Intelligence permettent de discuter et de définir la place et le rôle que la technologie aura dans nos vies.

Une photo de groupe devant la silhouette de San Francisco.
La Suisse et la Silicon Valley, différentes dans leur rythme de progression, leur objectif et leur état d’esprit, associent ingénierie minutieuse et expérimentation poussée à l’extrême pour répondre aux défis techniques et tirer parti des récentes avancées technologiques. Photo: Cole Keister

Contact
Tatiana Benavides Damm, SEFRI Réseau Swissnex tatiana.benavidesdamm@sbfi.admin.ch +41 79 288 34 96
Auteur/e
Maulde Cuérel (Swissnex à San Francisco)