Engendrer une plus-value pour la Suisse et le Japon
Dans le domaine de la formation, de la recherche et de l’innovation (FRI), le Japon est un important partenaire de coopération bilatérale pour la Suisse. Depuis le mois de septembre, le réseau Swissnex dispose d’un sixième site principal dans le monde, à Osaka, au Japon. Entretien avec Felix Moesner, directeur de Swissnex au Japon.
Avec l’ouverture d’un site au Japon, le réseau Swissnex compte désormais six sites principaux dans le monde. Qu’est-ce qui a conduit à l’ouverture d’un tel site au Japon et pourquoi le réseau s’implante-t-il à Osaka, dans la région de Kansai?
Le Japon est la deuxième superpuissance économique mondiale parmi les pays avec lesquels nous partageons une même vision du monde. Depuis des décennies, la coopération bilatérale avec le Japon est excellente, tant sur le plan économique qu’entre les acteurs de la recherche. La Suisse et le Japon se distinguent tous deux par leur compétitivité et leur capacité à innover; ils partagent aussi des valeurs et des préoccupations semblables telles que la démocratie, la confiance, l’exigence de qualité, la prévention des risques, la recherche de pointe et l’établissement de relations de longue durée. Le nouveau site Swissnex contribuera à renforcer encore cette coopération.
La région de Kansai compte 21 millions d’habitants et abrite le supercalculateur Fugaku, le superordinateur encore et toujours le plus rapide au monde aujourd’hui. C’est aussi dans cette région que se sont établies de nombreuses universités de pointe, avec lesquelles les universités suisses ont déjà conclu plus d’une vingtaine d’accords de coopération. Qui plus est, diverses grandes entreprises orientées vers l’innovation, telles que Panasonic ou Nintendo, ont leur siège dans cette région.
Où voyez-vous le plus grand potentiel pour la coopération helvético-japonaise dans le domaine FRI?
Le Japon est l’un des huit pays prioritaires de la politique extérieure de la Suisse ainsi qu’un partenaire exceptionnel pour la coopération bilatérale en matière de recherche. En 2007, la Suisse et le Japon ont signé un accord de coopération dans le domaine de la science et de la technologie, qui a été complété il y a peu par une déclaration d’intention commune. À travers celle-ci, la Suisse et le Japon entendent renforcer leur coopération au niveau «systémique» dans des domaines stratégiques tels que la technologie quantique, l’intelligence artificielle ou la robotique. La compréhension et la maîtrise des technologies et l’exigence de qualité qui caractérisent le Japon profitent également aux start-up; en 2022, 53 start-up suisses ont bénéficié de nos conseils au Japon. Et les places permettant à des start-up de participer à des camps d’internationalisation en 2023 ont toutes été attribuées en un rien de temps.
Quelles sont les particularités de la culture japonaise que les partenaires suisses doivent connaître?
Le Japon et la Suisse partagent des valeurs semblables, mais ils sont également très différents culturellement, politiquement ou linguistiquement parlant. Les partenaires suisses doivent avoir conscience de certains éléments comme le principe de l’encouragement de la recherche à long terme sous la forme de plans quinquennaux, une culture d’innovation dynamique entre tradition et nouvelle technologie et, bien sûr, l’obstacle de la langue – mais soyez sans crainte, les scientifiques japonais maîtrisent bien l’anglais.
Quelles sont les priorités thématiques de Swissnex au Japon?
Le Japon est à l’avant-garde en ce qui concerne la manière d’aborder certains défis sociaux, qui ne s’arrêtent pas aux frontières natio-nales. Dans ce pays, le développement durable, le vieillissement de la population ou encore l’encouragement des start-up, notamment, sont des thèmes qui font l’objet d’une attention toute particulière. La Suisse peut s’inspirer des solutions développées au Japon pour trouver elle aussi ses propres réponses à ces différentes questions.
Les six sites principaux de Swissnex placent les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU au centre de leurs activités et les rattachent à leurs propres priorités. Au Japon, nous nous concentrons sur les thématiques «santé et bien-être» (objectif n°3),
«industrie, innovation et infrastructure» (objectif n°9) et «villes et communautés durables» (objectif n°11).
Felix Moesner a étudié l’électrotechnique à l’ETH Zurich, a obtenu son doctorat à l’Institut de robotique en collaboration avec l’Université de Tokyo, suivi d’un MBA au MIT. Après un postdoc à l’ETH Zurich, il s’est tourné vers l’industrie, où il a fini par diriger le département informatique d’une grande banque suisse à Tokyo. En 2003, il est devenu Science & Technology Counselor auprès de l’ambassade de Suisse à Tokyo, où il a notamment contribué à la mise sur pied de l’accord de coopération scientifique et technologique entre la Suisse et le Japon (signé en 2007) et à la mise en place du bureau scientifique et de différents réseaux académiques. Avant de s’établir au Japon, il a dirigé Swissnex en Chine (2017-2021) et Swissnex à Boston (2012-2017).
En quoi vos expériences antérieures en tant que directeur de Swissnex en Chine et à Boston vous aident-elles dans votre activité aujourd’hui?
Mes expériences antérieures à Shanghai, à Boston, sans oublier Tokyo, ont contribué à ce que mon entrée en fonction au Japon ne se fasse pas «à froid». Mon objectif premier est d’accroître la visibilité des établissements suisses de formation et de recherche, de mettre en réseau les chercheurs, les start-up et les institutions et d’identifier les tendances dans le domaine FRI. Le fait que je connaisse déjà les rouages et les procédures de Swissnex était un avantage à plusieurs égards: cela a facilité la recherche d’un site adéquat, le recrutement de personnes disposant des compétences attendues, l’organisation de la vie d’équipe au sein de Swissnex et le développement d’un réseau. La phase de lancement s’est avérée captivante et cette expérience a été très enrichissante.
Vous avez travaillé d’arrache-pied ces derniers mois en vue de l’ouverture de ce nouveau site Swissnex. Comment cela s’est-il passé?
Toute l’équipe a travaillé dur pour s’assurer que l’ouverture puisse avoir lieu selon le calendrier prévu. Nous avons dû faire face à certains impondérables: les travaux de construction, par exemple, se sont terminés juste avant les festivités, ce qui a constitué un réel défi. En fin de compte, tout s’est cependant bien déroulé.
Pour l’ouverture, nous avons choisi le thème «Breakthrough Trends in Sustainability» et avons mis en évidence des réalisations FRI exceptionnelles. Ces performances ont d’ailleurs été saluées par la secrétaire d’État Martina Hirayama, sa délégation ainsi que neuf start-up. La signature de la déclaration d’intention scientifique Suisse-Japon en présence de ministres, du gouverneur d’Osaka ainsi que d’invités de marque et de représentants des médias a également constitué un moment fort. Le Science & Technology in Society Forum à Kyoto, avec plusieurs représentants suisses du domaine FRI, a maximisé l’impact de l’ouverture et a fait connaître Swissnex comme le premier consulat scientifique au Japon.
L’exposition universelle 2025 aura lieu à Osaka. Comment Swissnex y sera-t-elle présente?
Notre engagement accru au Japon est bien sûr lié aussi à l’Expo 2025 d’Osaka. L’exposition universelle aura pour thème: «Designing future society for our lives». D’entente avec Présence Suisse, le réseau Swissnex sera représenté au sein du Pavillon suisse. Pour les acteurs FRI suisses, cet événement constitue une occasion exceptionnelle de présenter à un très large public, y compris à des représentants de haut niveau, des projets à la fois innovants et orientés vers le développement durable. Trois thématiques ont été retenues dans cette optique: «Life» met les projecteurs sur les sciences de la vie, la santé et l’alimentation; «Planet» sur l’environnement, la durabilité, le climat et l’énergie, et «Augmented Human» sur la robotique et l’intelligence artificielle.
Réseau Swissnex
Swissnex est le réseau mondial de la Suisse pour la formation, la recherche et l’innovation. Il soutient le rayonnement international de ses partenaires ainsi que leur participation active à l’échange mondial de connaissances, d’idées et de talents. Il renforce le rayonnement de la Suisse en tant que pôle d’innovation.