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Suisse - Québec: des échanges professionnels fructueux

Le 14 juin 2022, la Suisse et le Québec ont signé à Berne une Entente sur la reconnaissance des qualifications professionnelles. Frédéric Berthoud, coordinateur suisse pour la reconnaissance des qualifications professionnelles au SEFRI, a interviewé deux bénéficiaires de cet accord.

23.02.2024
Auteur/e: Frédéric Berthoud

L’encouragement de la reconnaissance internationale des diplômes suisses est l’un des objectifs de la stratégie internationale du Conseil fédéral dans le domaine de la formation, de la recherche et de l’innovation. La nouvelle Entente prévoit la reconnaissance mutuelle des diplômes des deux pays et permet aux ressortissants des deux parties d’exercer une profession réglementée sur le territoire de l’autre. Elle s’applique actuellement à cinq professions: les assistants sociaux, les hygiénistes dentaires, les techniciens dentistes, les techniciens en radiologie médicale et les sages-femmes. De nouvelles professions pourront faire l’objet de nouveaux accords au fil du temps. 

Deux bénéficiaires de l’accord, Mélanie Dufour, hygiéniste dentaire au Québec, et Loïc Schneider, assistant social suisse en départ pour Montréal, nous font part de leur expérience. Découvrez à travers leurs récits comment l’Entente favorise les parcours professionnels et permet d’acquérir une expérience dans un pays partageant la même langue et dont la culture, le nombre d’habitants et le tissu économique sont comparables. 

Un homme s'est situé devant une rivière et un pont en arrière-plan.
Loïc Schneider va bientôt quitter la Suisse pour travailler à Montréal.

Parlez-nous de vous. Avez-vous déjà de l’expérience professionnelle dans votre pays d’origine? Pourquoi partir?

Mélanie Dufour: J’ai quitté la région dans laquelle j’ai grandi pour faire mes études dans la région montréalaise, où j’ai obtenu mon diplôme en 1999. Depuis, j’ai toujours travaillé au Québec, principalement dans la Beauce. La profession d’hygiéniste a permis une conciliation travail-famille fort agréable. Aujourd’hui, ma liberté me permet d’aller explorer de «nouvelles avenues», qui s’accompagneront de nouvelles découvertes.

Loïc Schneider: J’ai terminé mon Bachelor en travail social HES-SO en 2016 et travaille depuis cette année-là à Montreux en tant qu’assistant social auprès de jeunes bénéficiaires d’aide sociale. J’ai toujours souhaité partir vivre une expérience professionnelle au Québec, car il s’agit d’une sorte de capitale, de référence pour le travail social. Je pense qu’il s’agira d’un réel atout pour ma carrière. Après plusieurs années d’expérience en Suisse, c’est le bon moment pour partir et expérimenter quelque chose d’inédit.

Comment avez-vous appris qu’il existait un nouvel accord qui vous permettrait de pratiquer votre métier en Suisse, respectivement au Québec?

Mélanie Dufour: Lors de nos études, les enseignants nous vantaient la Suisse et tous ses avantages. Or, les démarches étaient quelque peu laborieuses. Dès que j’ai entendu parler de cet accord par mon ordre professionnel, j’ai compris qu’il était temps de m’offrir un nouveau départ. Je me suis lancée dans le projet.

Loïc Schneider: Je suis inscrit à la newsletter destinée aux ALUMNI de la HES-SO. Par chance, j’ai ouvert l’une d’entre elles et vu l’annonce d’une séance d’information sur cette Entente inédite. C’est donc un peu par hasard si j’ai pu obtenir toutes les informations dès le début. Le lendemain, ma décision était prise.

Une femme s'est située dans un cabinet d'hygiéniste dentaire
Mélanie Dufour dans son cabinet d’hygiéniste dentaire.

Comment s’est passée la procédure de reconnaissance? 

Mélanie Dufour: La reconnaissance de diplôme est assez simple. Le site de la Croix-Rouge est clair et nous guide bien pendant la procédure. Rassembler toute la documentation requise fut l’étape la plus laborieuse. Après avoir déposé l’enveloppe à la poste, j’ai attendu environ 4 mois avant d’avoir ma reconnaissance en main.

Loïc Schneider: De manière très fluide et agréable. J’ai dû transmettre bon nombre de documents et suivre trois cours en ligne. Depuis le mois d’octobre 2023, je fais donc officiellement partie de l’ordre des travailleurs sociaux du Québec. Cette nouvelle Entente nous permet de faire partie de cet ordre, démarche indispensable pour être reconnu-e-s comme travailleuses et travailleurs sociaux là-bas.

La reconnaissance des qualifications professionnelles est une chose, trouver une place de travail en est une autre. Où en êtes-vous dans le processus? Est-ce difficile?

Mélanie Dufour: Vive les réseaux sociaux! J’ai eu la chance d’échanger avec plusieurs employeurs potentiels et de pouvoir prendre le temps de choisir un endroit qui exprimait des valeurs professionnelles au diapason des miennes. À ce jour, le contrat de travail est signé et la demande d’autorisation de travail envoyée. Le plus difficile, c’est l’attente.

Loïc Schneider: C’est tout de même beaucoup plus long. En tant que Suisses, nous devons nous inscrire sur une plateforme mandatée par le gouvernement québécois, «Recrutement Santé Québec», et effectuer toutes les démarches depuis la Suisse. Cette structure sélectionne les candidat-e-s selon des critères définis et propose leurs dossiers aux employeurs. Il faut donc se faire à l’idée que toutes les démarches se feront en ligne et qu’il ne sera pas possible de rencontrer les équipes avant le grand départ. 

J’ai entamé le processus en mai 2023 et j’ai eu la chance d’être sélectionné. Ils m’ont orienté en fonction de mes souhaits et de mon profil. Après plusieurs mois de procédure, je suis en passe de signer un contrat avec un Centre social de Montréal. Si cela se confirme, je devrai entamer la demande d’immigration, afin d’obtenir un contrat de travail lié spécifiquement à mon poste. Une date d’entrée en fonction indicative a été fixée à fin mai 2024 par l’employeur. Cependant, le processus d’immigration pourrait prendre plus de temps.

Que peut-on vous souhaiter pour votre futur professionnel en Suisse, respectivement au Québec?

Mélanie Dufour: Je me souhaite une belle aventure, où le mélange des cultures va me permettre d’approfondir mes connaissances et surtout de les transmettre à d’autres. Mon objectif premier en tant qu’hygiéniste est d’aider les gens à devenir responsables de leur santé dentaire.

Loïc Schneider: De ne pas perdre mon accent jurassien! Blague à part, j’espère vivre une riche expérience humaine, culturelle et évidemment professionnelle.


Contact
Frédéric Berthoud, SEFRI Chef d'unité Reconnaissance des qualifications professionnelles frederic.berthoud@sbfi.admin.ch +41 58 465 58 66