Montres, velcro et caméras: les contributions suisses à l’exploration spatiale
Il y a 55 ans, le monde assistait aux premiers pas de l’homme sur la Lune. Un exploit qui doit beaucoup au savoir-faire technologique suisse. Aperçu historique sur les contributions de la suisse à l’exploration spatiale.
Marquant l’alunissage historique d’Apollo 11 en 1969, la Journée internationale de la Lune est célébrée dans le monde entier le 20 juillet. Un fait généralement bien connu est que les astronautes d’Apollo 11 portaient des montres suisses lorsqu’ils se sont posés pour la première fois sur la Lune. Ce que l’on sait moins, en revanche, c’est que la seule expérience scientifique non américaine de la mission Apollo 11 a été menée par des chercheurs suisses et que, une fois sortis du module lunaire, les astronautes ont planté une technologie suisse dans le sol, avant même que Buzz Aldrin ne hisse la bannière étoilée.
L’expérience du «drapeau suisse»
L’Université de Berne est à l’origine du Solar Wind Composition Experiment (SWC), ou voile à vent solaire. Son objectif était d’échantillonner et d’analyser le vent solaire sur la Lune, aussi loin que possible du champ magnétique terrestre, afin de mieux comprendre le Big Bang et la formation du système solaire. Exposée au soleil, la fameuse voile a permis de mesurer les types d’ions et les énergies du vent solaire. Le SWC a ensuite été embarqué dans les missions Apollo suivantes, contribuant ainsi à d’importantes découvertes.
Cependant, le «drapeau suisse» n’était pas la seule pièce d’équipement fabriquée en Suisse que comportait la mission. En effet, à bord d’Apollo 11 se trouvaient également des objectifs suisses à haute performance qui ont permis d’immortaliser l’alunissage. Le module de commande était équipé d’un bouclier thermique fabriqué avec une résine époxy suisse Araldite spécialement résistante à la chaleur.
Les montres Omega portées par l’équipage d’Apollo 11 étaient fixées à leurs combinaisons spatiales à l’aide de velcro, une invention brevetée en 1955 par un ingénieur électricien suisse. Le velcro a également été utilisé dans le vaisseau spatial Apollo 11 pour fixer des objets à bord. Enfin, la technologie suisse a été utilisée sur Terre: au centre de contrôle de la mission à Houston, la NASA a recouru à des projecteurs de fabrication suisse pour regarder les images en direct de la Lune.
Testées dans l’espace, exploitées sur Terre
Les applications satellitaires sont devenues un élément indispensable de la vie quotidienne. Elles permettent de fournir différents services dans les domaines de la communication, de la navigation et des prévisions météorologiques. L’exploration spatiale a également contribué à de nombreux autres développements importants.
Par exemple, les vols spatiaux habités ont conduit à des développements significatifs dans le secteur de la santé. L’étude des effets des vols spatiaux sur le corps humain a permis d'acquérir de nouvelles connaissances sur des maladies terrestres telles que l’asthme, le dérèglement du système immunitaire, les douleurs dorsales ou la perte de masse osseuse et musculaire. L’Agence spatiale européenne (ESA) a également testé les effets de la microgravité sur des cellules qui pourraient servir de modèle pour le corps humain et être utilisées pour tester des traitements contre le cancer.
L’observation de la Terre contribue à notre compréhension de la météo et de l’évolution du climat. Elle permet de mieux comprendre les causes du réchauffement de la planète révélant notamment que le changement climatique se produit plus rapidement qu’on ne le pensait. Elle permet également de lutter contre ce dernier: les satellites météorologiques permettent de prévoir la produite par les centrales photovoltaïques. Les progrès réalisés dans le domaine du stockage de l’énergie contribuent à l’exploration spatiale mais aussi à un approvisionnement énergétique durable sur Terre. Les données satellitaires permettent également de prévoir les itinéraires et les styles de conduite les plus économiques, réduisant ainsi les émissions dues au trafic.
Regard suisse sur l’univers
Si les caméras et les instruments spatiaux nous aident à comprendre notre propre planète, ils sont également utilisés pour observer les planètes voisines, le Soleil, le reste de la Voie lactée et l’univers. Cela nous permet de mieux comprendre notre environnement élargi et les phénomènes physiques et chimiques de fondamentaux. Les universités et les entreprises suisses participent à la quasi-totalité des missions scientifiques spatiales de l’ESA et à de nombreux projets internationaux, notamment la mission Cheops sur les exoplanètes dirigée par la Suisse, le télescope spatial James Webb ou la mission Juice de l’ESA, lancée en 2023 pour explorer Jupiter et ses lunes. La technologie suisse se trouve également dans la caméra CaSSIS actuellement en orbite autour de Mars et qui s’est envolée avec un spectromètre de masse vers la comète «Chury» pour un voyage de dix ans. Les contributions suisses permettent de capturer des images à rayons X des explosions solaires grâce à la sonde Solar Orbiter, de créer une carte tridimensionnelle de notre galaxie grâce à la mission Gaia de l’ESA et de capturer des images étonnantes de notre univers grâce à la mission de cosmologie Euclid de l’ESA.
Ces dernières années, des entreprises suisses ont fourni des technologies à de nombreuses missions internationales: Maxon a fabriqué les moteurs du rover martien Perseverance de la NASA, qui a atterri sur Mars en 2020. Beyond Gravity fabrique des composants aérospatiaux pour les satellites et les véhicules de lancement, tels que les coiffes utilisées sur le nouveau lanceur Ariane 6 de l’ESA. Une petite caméra suisse atterrira sur Mars avec la mission Rosalind Franklin de l’ESA. Parallèlement, des chercheurs suisses préparent des instruments destinés aux futures missions vers Vénus et participent à la mission scientifique la plus ambitieuse de l'ESA à ce jour, un observatoire des ondes gravitationnelles dans l’espace.
La longue histoire des activités spatiales et de l’innovation en Suisse, l’étroite coopération entre les acteurs universitaires, les écoles d’ingénieurs et l’industrie, ainsi qu’une forte approche ascendante, ont amené le pays à l’avant-garde des sciences spatiales aujourd’hui. En favorisant le transfert de compétences et de connaissances, en encourageant un solide réseau d’acteurs et en garantissant des opportunités intéressantes et équitables pour les jeunes professionnels du domaine spatial, la Suisse poursuit son engagement en faveur d’une recherche spatiale d’excellence pour les 55 prochaines années et au-delà.