Entretien avec Markus Hodel, président du Conseil suisse d’accréditation
Markus Hodel est président du Conseil suisse d’accréditation depuis 2023. Auparavant, il était directeur de la Haute école de Lucerne et membre du conseil de fondation du Fonds national suisse ainsi que de plusieurs délégations de la Conférence des recteurs swissuniversities.
Vous présidez le Conseil suisse d’accréditation (CSA) depuis le 1er janvier 2023. Quelles sont les tâches qui vous incombent dans cette fonction?
Ma mission est définie par le mandat légal du Conseil d’accréditation. Elle se fonde sur la loi sur l’encouragement et la coordination des hautes écoles (LEHE), entrée en vigueur en 2015. Le Conseil d’accréditation est un organe commun de la Confédération et des cantons qui statue sur les accréditations. Pour prétendre au droit à l’appellation d’université, de haute école spécialisée ou de haute école pédagogique, une institution doit être accréditée. Il s’agit également d’une condition préalable pour solliciter des fonds publics. En tant que président, je dirige le Conseil d’accréditation et veille à son bon fonctionnement.
Quels sont les dossiers qui vous occupent actuellement ou qui vous attendent durant cette année?
Au-delà des vastes et volumineux dossiers d’accréditation en cours, il y a les thématiques mentionnées dans le rapport d’évaluation externe de l’année dernière sur la mise en œuvre de la LEHE: l’indépendance dans la relation entre le CSA et l’Agence suisse d’accréditation et d’assurance qualité (AAQ) ainsi que les échanges entre le CSA et la Conférence suisse des hautes écoles (CSHE). Des clarifications, voire des améliorations, sont nécessaires à cet égard. Par ailleurs, la simplification de la ré-accréditation des universités déjà accréditées constitue une autre question importante. Sans oublier l’amélioration de la communication et l’intensification des contacts avec les parties prenantes qui restent des défis permanents.
«Le système d’accréditation met tous les types de hautes écoles sur un pied d’égalité.»
Le système d’accréditation institutionnelle obligatoire a été instauré en 2015. Quels sont, selon vous, les aspects qui fonctionnent bien et ceux qui présentent un potentiel d’optimisation?
Le rapport d’évaluation mentionné précédemment dresse un bilan globalement positif du système d’accréditation et du Conseil d’accréditation, même si, bien entendu, des améliorations sont possibles. Huit ans après son introduction, le système est bien établi et met tous les types de hautes écoles sur un pied d’égalité. Pour ces dernières, la procédure d’accréditation est complexe et souvent perçue comme trop bureaucratique. Une volonté de simplification prévaut de manière générale, mais celle-ci n’est pas facile à mettre en œuvre en raison de la forte densité de la réglementation. Je constate également une certaine tension liée à l’accréditation institutionnelle de hautes écoles privées qui fonctionnent parfois selon des modèles commerciaux étrangers et qui rencontrent des difficultés à remplir les critères typologiques des hautes écoles définis par la loi. Dans ce type de situations, les décisions du Conseil d’accréditation requièrent de gros efforts sur le plan juridique pour être solides face à d’éventuels recours.
De par votre expérience de recteur de la Haute école de Lucerne et vos activités au sein de différents organes nationaux, vous disposez d’une excellente connaissance du paysage suisse de l’enseignement supérieur. Quelles en sont les caractéristiques?
Retenons en premier lieu que l’espace suisse des hautes écoles est l’un des meilleurs au monde ! Il repose sur l’excellente qualité de ses hautes écoles. Maintenir cet état de fait demande de gros efforts. Pour ce faire, il faut pouvoir compter sur d’excellents enseignants et chercheurs, sur une gestion universitaire compétente et sur des ressources (financières) suffisantes. De bonnes conditions-cadres, telles qu’une association à Horizon Europe, revêtent également une grande importance. La diversité des types de hautes écoles, la perméabilité du système éducatif et la bonne culture de collaboration font également partie des atouts dont dispose le paysage suisse de l’enseignement supérieur.
Quels sont d’après vous les défis les plus urgents auxquels sont confrontées les hautes écoles en Suisse?
Les grandes phases de croissance semblent révolues, du moins pour le moment. Cela met les hautes écoles face à de nouveaux défis, notamment en termes de culture et de politique intérieure. Il faut veiller à ce que la formidable dynamique des dernières décennies ne s’essouffle pas et que les processus ne soient pas ralentis. Car la concurrence mondiale entre les hautes écoles va encore s’intensifier.