Comment une nouvelle profession est-elle créée? Exemples tirés du secteur photovoltaïque
En 2023, le SEFRI a approuvé ou édicté les prescriptions relatives à 50 professions révisées ou nouvellement créées. En lien avec la thématique du développement durable et de l’écologie, les professions d’installatrice-installateur solaire avec certificat fédéral de capacité (CFC) et de monteuse-monteur solaire avec attestation fédérale de formation professionnelle (AFP) ont ainsi été créées.
En suisse, le développement des professions dans la formation professionnelle initiale relève de l’initiative des entreprises. Dans ce contexte, les contenus des formations professionnelles initiales sont réexaminés tous les cinq ans au moins en tenant compte des évolutions économiques, technologiques, écologiques et didactiques, et sont adaptées le cas échéant aux besoins du marché du travail. Il en va de même pour les offres de formation et les diplômes de la formation professionnelle supérieure.
Le processus de développement des professions – de l’analyse à la mise en œuvre
Les associations professionnelles et de branche définissent les contenus de formation et les procédures de qualification pour leurs professions. Lorsqu’un organe responsable veut créer une nouvelle formation professionnelle initiale, comme celle d’installatrice-installateur solaire CFC d’une durée de trois ans ou celle de monteuse-monteur solaire AFP d’une durée de deux ans, il assure une étroite collaboration avec les partenaires de la formation professionnelle, à savoir la Confédération et les cantons. Avant tous travaux, il importe d’avoir éclairci certaines questions cruciales, dont les suivantes: qui assumera la fonction d’organe responsable de la nouvelle formation professionnelle initiale? Le profil de la profession est-il clair? Les besoins du marché du travail sont-ils avérés? Existe-t-il suffisamment d’entreprises formatrices ou d’entreprises prêtes à former?
Une fois cette analyse effectuée, l’organe responsable soumet au SEFRI une demande de ticket provisoire et de subventions fédérales. En délivrant ce ticket à l’organe responsable, le SEFRI marque son accord pour la suite des travaux tout en assurant la coordination de ces derniers entre les partenaires de la formation professionnelle.
Instruments juridiques indispensables
L’étape suivante consiste à définir des profils de qualification des professions concernées, ce qui implique d’établir pour chacune d’entre elles un profil de la profession, un aperçu des compétences opérationnelles visées et un niveau d’exigences. Ce travail constitue la base permettant ensuite d’élaborer les différentes ordonnances sur la formation professionnelle initiale et les plans de formation correspondants. Toute ordonnance contient les éléments normatifs des formations professionnelles initiales en entreprise. Dans le cas où la formation est effectuée dans une école, les exigences liées à la transmission de la pratique professionnelle sont fixées dans l’ordonnance concernée.
Après avoir contrôlé et mis au net ces documents, le SEFRI lance une procédure d’audition à l’intention des offices fédéraux, des cantons et des milieux intéressés. Il en évalue ensuite les résultats et adapte le cas échéant l’ordonnance et le plan de formation. Une séance de mise au net est organisée avec les partenaires de la formation pour régler les dernières divergences. Enfin, le SEFRI édicte l’ordonnance sur la formation et approuve le plan de formation.
Collaboration fructueuse malgré un processus accéléré
Le processus de développement d’une profession dure en général trois ans. Il est parfois plus court lorsque des changements économiques, écologiques ou sociaux imposent aux partenaires de la formation professionnelle d’agir rapidement. Ce cas s’est présenté avec les professions d’installatrice-installateur solaire CFC et de monteuse-monteur solaire AFP. Cela a été un succès, clame Fredy Fritsche, responsable de la surveillance des formations en apprentissage à l’Office de la formation professionnelle de Saint-Gall: «Le fait que les nouvelles professions aient pu être intégrées dans un champ professionnel existant, où l’organe responsable et les structures étaient déjà en place et où le partenariat sur la formation professionnelle est solide, a certainement été un avantage. La possibilité de s'appuyer sur les infrastructures existantes pour l’enseignement en école professionnelle et les cours interentreprises en était un autre.»
La formation des personnes en formation à l’école professionnelle, l’organisation des procédures de qualification et la participation aux cours interentreprises, entre autres, font partie des tâches des cantons. Une collaboration entre la Confédération, l’organe responsable ou association professionnelle et les cantons est par ailleurs capitale pour s’assurer de l’efficacité de la formation sur les trois lieux de formation.
Fredy Fritsche est responsable responsable de la surveillance des formations en apprentissage à l’Office de la formation professionnelle de Saint-Gall.
Les nouvelles professions influencent également les offres de formation continue et supérieure
Le besoin en professionnels dans la branche du solaire est avéré depuis bien longtemps, souligne Beat Hanselmann, responsable des formations au sein de Polybat: «Les besoins et les contenus de formation ont été identifiés à travers plusieurs enquêtes effectuées au sein du secteur photovoltaïque et sur le marché du travail. Les retours ont montré que le secteur souhaitait et nécessitait des formations telles que celles d’installatrice-installateur solaire CFC et de monteuse-monteur solaire AFP. Les bases étant ainsi posées, le processus de création de nouvelles professions pouvait commencer.»
L’organe responsable a organisé une séance de planification avec Swissolar, le SEFRI et les cantons pour effectuer d’une part un état des lieux sur le profil des professions à créer, les besoins de personnel qualifié, la disponibilité des entreprises pour former des personnes en formation et pour assurer d’autre part une distinction claire par rapport à d’autres professions existantes. Les questions organisationnelles telles que la désignation de l’organe responsable de la profession et le financement des formations concernées ont par ailleurs été élucidées.
Pour l’année scolaire 2024/2025, la branche du solaire table respectivement sur 80 personnes pour commencer la formation de niveau CFC et 30 autres pour entreprendre la formation de niveau AFP, annonce Beat Hanselmann. Ensemble, ces deux professions attireraient ainsi autant de nouvelles personnes que la profession de couvreuse-couvreur CFC, qui se trouve dans le même champ professionnel de l’enveloppe du bâtiment. Les nouvelles professions n’ont pas qu’un impact sur l’offre et la demande dans la formation professionnelle initiale, mais permettent en plus d’ouvrir un champ de possibilités dans la formation continue à des fins professionnelles: «Dans la formation non formelle, la demande a nettement augmenté depuis qu’ont été annoncées de nouvelles formations professionnelles initiales dans la branche du solaire. Ainsi, de nouvelles offres apparaissent constamment à l’intention des personnes attirées par les formations professionnelles initiales dans cette branche, y compris des personnes qui ont opté pour une réorientation professionnelle», souligne le responsable des formations au sein de Polybat. Dans la formation professionnelle supérieure, cela fait déjà une dizaine d’années qu’a été créée la profession de cheffe-chef de projet en montage solaire avec brevet fédéral. L’obtention de ce titre est soumise à la réussite de l’examen professionnel correspondant.
Beat Hanselmann est responsable Formation au centre de formation Polybat.
Photo: Centre de formation Polybat