Certification professionnelle pour adultes
Chaque année en Suisse, plus de 10'000 adultes de plus de 25 ans obtiennent une certification professionnelle. Pour y parvenir, ils ont le choix entre différentes voies. Sabina Giger, responsable de projet au SEFRI, présente les atouts des offres actuelles et ce qui peut encore être amélioré.
De quelle manière les adultes peuvent-ils obtenir une certification professionnelle en Suisse?
Chaque année, environ 5000 adultes effectuent un apprentissage classique. Celui-ci s’adresse aux personnes qui ne disposent pas encore de compétences spécifiques à la profession ou de la culture générale nécessaire.
Les personnes qui possèdent déjà des compétences professionnelles ou la culture générale nécessaire peuvent en revanche faire prendre en compte leurs acquis et obtenir un titre professionnel. Quelque 2500 adultes suivent ainsi chaque année une formation professionnelle raccourcie et environ le même nombre se prépare à l’examen final en suivant des cours sans être en possession d’un contrat d’apprentissage.
Dans certaines professions, il existe également d’autres procédures de qualification, comme la validation des acquis de l’expérience. Si celle-ci est bien établie dans certaines branches, la part des certifications obtenues de cette manière reste relativement faible à l’échelle nationale.
Pourquoi le nombre de certifications obtenues par le biais de la validation des acquis de l’expérience est-il si bas?
Il existe en Suisse quelque 250 formations professionnelles initiales. Toutes les professions proposent en principe la prise en compte des acquis, et donc l’apprentissage raccourci. La procédure de validation nécessite en revanche d’être développée spécifiquement par l’organe responsable, avec la collaboration des cantons. À ce jour, il est possible de faire valider ses acquis de l’expérience dans 15 formations professionnelles initiales, notamment dans les secteurs qui manquent de main-d’œuvre qualifiée ou au sein d’organisations qui sont tenues de respecter des dispositions légales en matière de qualification du personnel. C’est notamment le cas dans le domaine de la santé et du social. La validation est également très répandue dans le domaine commercial.
À qui s’adresse cette procédure?
Cette procédure s’adresse tout spécialement aux adultes disposant d’une expérience professionnelle ou d’une formation, mais qui travaillent depuis longtemps dans une branche éloignée de leur métier d’origine. Lors de la validation des acquis de l’expérience, les candidats ne passent pas d’examen final, mais établissent un dossier attestant qu’ils disposent des compétences opérationnelles spécifiques à la profession visée et qu’ils satisfont aux exigences en matière de culture générale. Grâce à la collaboration intercantonale, l’accès à la procédure de validation des acquis de l’expérience est garanti dans l’ensemble des cantons.
Quelles sont les démarches à faire en vue d’obtenir une certification professionnelle?
La première chose à faire est de déterminer quel type de qualification est pertinent selon la situation personnelle et professionnelle et les ressources disponibles. Les employés sont encouragés à en parler avec leur employeur. Les offres de conseil telles que le bilan professionnel viamia financé par la Confédération et les cantons ou les conseils en matière de carrière proposés par des prestataires privés peuvent également les aider dans leurs démarches.
Quelles sont les possibilités de soutien financier?
Selon une étude réalisée par la Conférence suisse des offices de la formation professionnelle (CSFP) avec le soutien du SEFRI sur le thème du financement de la formation professionnelle initiale des adultes, les solutions varient en fonction de la branche et du canton. C’est pourquoi il est conseillé aux adultes intéressés de se renseigner sur les possibilités de financement dans leur canton de domicile. Selon leur situation, ils peuvent, en plus de leurs fonds propres, bénéficier de contributions allouées par l’employeur et la branche ou d’aides à la formation sous forme de bourses d’études et de prêts.
Sabina Giger est responsable de projets au sein l’unité Politique de la formation professionnelle du SEFRI et s’occupe notamment de la certification professionnelle pour adultes.
Qu’est-ce qui peut encore être amélioré?
De nombreuses mesures ont été prises ces dernières années pour optimiser les conditions générales d’obtention d’une certification professionnelle pour adultes. Dans le domaine du financement, par exemple, la CSFP a adopté en 2022 un engagement (PDF) en vue d’améliorer les instruments de financement et de combler les éventuelles lacunes en la matière. Les cantons ont mis en place un monitoring à cet effet. La Conférence tripartite de la formation professionnelle a elle aussi adopté une déclaration d’engagement concernant la certification professionnelle pour adultes comprenant des objectifs d’encouragement. C’est sur cette base que le SEFRI a mandaté un état des lieux sur la reconnaissance des qualifications professionnelles étrangères. Les résultats seront disponibles vers la fin 2024.
Il me paraît par ailleurs important de continuer à développer des formations continues facilement accessibles, telles que les certificats de branche, qui peuvent ensuite être prises en compte dans une certification professionnelle. Le potentiel est ici bien réel, en particulier dans les branches qui, en raison de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, souhaitent attirer des personnes en reconversion professionnelle. Dans le domaine de l’enveloppe des bâtiments, par exemple, Polybau a développé des offres de formation à bas seuil pour les personnes sans certification professionnelle.
Pour conclure, je tiens aussi à rappeler que la Confédération peut soutenir financièrement des projets innovants dans le domaine de la formation professionnelle.